Le BPA, kézako ?

[Publié dans mon précédent blog le 25 janvier 2011]

Si je vous dis BPA, vous pensez à quoi spontanément ? À une banque ? Un nouveau parti politique ? Une drogue ?
Si c'est le cas, vous n'y êtes pas du tout ! BPA est en fait l'acronyme de « bisphénol A ». Vous allez me dire : « Je suis bien avancé avec ça ! Kézako ? ». Alors, certains d'entre vous savent peut-être de quoi il s'agit, mais pour les autres, voici une petite explication.

Le bisphénol A est une molécule chimique que l'on retrouve dans des plastiques que l'on appelle « polycarbonates ». Bon, soit. Jusque là, rien d'extraordinaire. Sauf que de nombreuses études ont mis le doigt sur les éventuels dangers pour l'humain. Alors, pour l'instant, c'est vrai que les dangers sont prouvés pour les rongeurs (et oui, c'est toujours sur ces pauvres souris que l'on fait les expériences…) et les risques sur le corps humain seraient encore incertains. Ceci dit, ça fait peur ! Voyez plutôt la liste non exhaustive des effets néfastes :

- favorisation de certains cancers,

- diabète,

- obésité précoce,

- maladies cardio-vasculaires,

- problèmes au niveau des testicules chez les garçons,

- âge de la puberté plus précoce chez les filles,

- problèmes thyroïdiens, etc.

Bref, en gros, le BPA est ce que l'on appelle un « perturbateur endocrinien » car il provoque essentiellement de nombreux dérèglements hormonaux. Il faut d'ailleurs savoir que cette molécule est en fait un oestrogène de synthèse : elle « mime » les effets de l'hormone sexuelle féminine.

À noter également que le BPA se « détache » facilement et spontanément des plastiques, et migre ainsi dans les aliments ou boissons que nous consommons, notamment sous l'effet de la chaleur. Donc plus la température est élevée, plus le risque est grand que vous ingériez du bisphénol A.

Une étude américaine a montré que sur 100 échantillons d'urine collectés auprès d'adultes, 95 contenaient du BPA !

Une dernière petite chose : plus le plastique s'use, se fissure, s'abîme, plus le BPA se libère.

Maintenant que vous êtes un peu plus familiarisé avec la chose, voyons un peu où l'on trouve plus précisément ce BPA.
Eh bien, malheureusement, on n'est pas sortis de l'auberge, car le BPA se retrouve dans toutes les industries plastiques, et pas que !

Que ce soit les DVD et CD, le revêtement intérieur des boîtes de conserve, les plastiques alimentaires, la vaisselle en plastique, le matériel électronique et informatique, les verres de lunettes (!) et les lentilles de contact…Tout y passe ! Et même les rivières (polluées par les bouteilles en plastique jetées dans la nature, par ex.) et le lait maternel (il suffit par ex. que la mère mange des légumes en conserve) ! Qui l'eût cru…

Pour vous donner un chiffre, chaque année, on compte environ 3 millions de tonnes de bisphénol A produits dans le monde, pour vous dire…

Du bisphénol A, en veux-tu en voilà…
Les bébés seraient les plus exposés. D'où la polémique sur les biberons dont vous avez probablement entendu parler ; la très grande majorité des biberons sont fabriqués en plastique, contenant du BPA.

Du coup, la France a décidé d'interdire la fabrication de biberons à base de BPA… mais seulement depuis juin 2010. Le Canada s'y est mis avant.

Le fait que la Food and Drug Administration (organisme américain autorisant ou non la mise sur le marché des denrées alimentaires et des médicaments) soit revenue sur ses propos de 2008 dans lesquels elle déclarait que le bisphénol A était sans danger pour l'humain, suite à de nouvelles études qui ont révélé « des effets potentiels sur le cerveau et sur la prostate des bébés et des foetus », a sans doute pesé dans la balance.

Bon, ok, les biberons à base de BPA sont maintenant interdits - en France. Mais le reste ? À quand une interdiction d'utiliser du bisphénol A dans tous les objets en plastique/contenant du plastique ?

Saviez-vous par exemple, que les tickets de caisse contenaient aussi du BPA ? Eh bien oui ! Et nous pouvons saluer au passage les magasins U qui prévoient, à partir de février 2011, de ne plus utiliser de rouleaux de papier de caisse au BPA. Car le BPA se transmet à notre organisme également par le toucher…

Et le pire dans toute cette histoire, c'est que le bisphénol A n'est pas du tout indispensable à la fabrication des plastiques ; mais comme c'est bon marché, facile à transformer, et que ça donne de jolis résultats visuellement parlant (un beau plastique brillant), les industries s'en donnent à coeur joie. Ceci dit, apparemment certaines marques ont commencé à remplacer le BPA par d'autres substances, notamment le polypropylène, aussi rentable que le BPA, qui existe déjà depuis de nombreuses années et qui n'aurait pas d'effet sur l'organisme.

Pour conclure, que dire ? J'espère que vous m'aurez lue jusqu'au bout, sans vous endormir, car ce n'était pas un article des plus palpitant, mais bon, faut bien parler des choses importantes… Et je finirai en disant : ma foi, c'est comme tout, faut abuser de rien, donc essayons d'éviter d'utiliser trop de trucs à base de plastique, de manger des plats tout prêts en barquette à mettre au micro-ondes, d'utiliser trop de film alimentaire, etc, etc. Essayons de limiter les dégâts quoi… Même si cela s'avère une tâche très difficile vu que nous vivons dans une société de plastique !

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